Wolverine à Montrose

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Monté sur une Harley Davidson noire, Logan prend une petite route goudronée qui traverse les sombres bois de Salem dans le soleil levant pour rejoindre le réseau d'autroutes. Une fois sur la highway, il roule à tombeau ouvert, sa coupe werewolf au vent et un cigare entre les crocs.



Le motard parcourt d'une traite les quelques 300 km qui séparent Westchester de la petite ville de Montrose en Pennsylvanie, en moins d'une heure trente.

Montrose, 1664 habitants, à 74 km au nord-ouest de Scranton et 600 mètres d'altitude, est le siège administratif du comté de Susquehanna. La ville vit de plusieurs manufactures traditionnelles : crèmeries, verrerie et fabrication de machines pour l'industrie du bois dans un cadre plutôt rurale. Rien de très remarquable.

Logan arrive un peu avant 9 heure du matin. Il pose sa moto et poursuit à pied, un cigare fumant dans la bouche.

Le colosse trapu entre placidement dans un bar, vide à cet heure, pour prendre la température du pays. Il commande une bière en allongeant sur le comptoir un billet de 5$ chiffonné qui en promet d'autre. Il entame la discussion avec le patron qui le tartine pour le faire consommer.
Logan, insensible à l'alcool, boit sans modération, ne perdant pas une miette des ragots du coin.

Ancien espion canadien de la guerre froide, formé dans les meilleurs agences de renseignement du monde et globe-trotter averti, le mutant sait choisir un pub et presser la mine d'information que représente un bon barman pour en savoir un maximum sur une zone de mission inconnue.

-Hey, Ernie, appelait un vieux squelettique mal rasé, tu trouves pas que le p'tit gars du château se fait rare, ces temps-ci?
-Celui-là, moins je le vois mieux je me porte, Kelvin. Attends-moi une seconde, si tu t'inquiètes pour ce petit fils de bourgeois. Le barman Ernie, un barbu-chevelu au T-shirt noir qui le boudine, se tourne vers le nouveau venu.
'jour, vous savez ce que vous commandez?

-Ernie, il m'a rien fait du tout moi ce gamin, il m'a même vendu des calendriers avec les mômes du cathéchisme. Sauf que ces derniers temps, je ne l'ai pas trop vu.

Le tenancier grogna pour signifier qu'il était occupé. Cependant, un ivrogne qui jouait au solitaire virtuel sur une borne d'arcade profita de la brèche pour livrer sa réponse à lui :

-Sale gamin d'la haute, c'Zhivago... Fils d'salaud, n-héritage de son grand-oncle, mes noix! Sale étranger, c'un petit sorcier et que je l'ai vu faire des intrigueries! Fumier, montreur de singes!
-Moule ton cake, Triple-Sec, pauvre pochtron. Je crois pas que c'est un fouteur d'histoires, le petit Aïch... Aigi... le, le petit-fils Zhivago.

Le nouveau venu, une espèce de bûcheron trapu et musculeux, aux faciès inquiétant encadré dans une coupe werewolf années 60 qui ferait rire sur n'importe qui d'autre, (...)

Wolverine a écrit:

(...) commande une bière en allongeant sur le comptoir un billet de 5$ chiffonné qui en promet d'autre. Il entame la discussion avec le patron qui le tartine pour le faire consommer.

En dire le moins possible : c'est l'une des premières règles du renseignement. Lorsque vous donnez l'impression de ne pas vous intéresser, vous suscitez chez certaines personnes influençables l'envie de vous en dire plus pour attirer votre attention.
Si vous n'apprenez rien, changez de source.

Les piliers de l'établissement continuèrent de discuter la réputation du jeune homme dont il était question, et qui avait manifestement quelque chose de plus que ces rinceurs de pintes. Le sujet semblait intarissable et pourtant on en avait vite fait le tour. Il suffisait que les présents soient en désaccord sur un point pour qu'ils n'aient de cesse de le développer, de le ressasser jusqu'à épuisement de l'interlocuteur, sans que le manque d'arguments paraisse réellement un problème.

Finalement pour ne pas contrarier le petit vieux ni énerver le sac à vin, le barman proposa une partie de poker, à laquelle évidemment l'hospitalité obligeait que l'on invite l'étranger à la chemise petite maison dans la prairie.

Sublime a écrit:

Finalement pour ne pas contrarier le petit vieux ni énerver le sac à vin, le barman proposa une partie de poker, à laquelle évidemment l'hospitalité obligeait que l'on invite l'étranger à la chemise petite maison dans la prairie.

Logan ne se fait pas prier pour une petite partie. Il commande même une bouteille du meilleur whiskey d'Erny pour que ses compagnons de jeu et lui puisse accompagner agréablement le jeu. Il quitte paisiblement son tabouret au comptoir pour venir s’asseoir à la table ronde recouverte d’une nappe verte. Au grand damne du barman, voilà le colosse qui demande en attrapant ses cartes, l’air d’alimenter la conversation d’une voix sombre à vous filer des frissons :

- C’est qui ces Zhivago ?

Quand Wolverine posa sa question, Ernie se renfrogna, comme si son visage s'enfonçait de trois centimètres dans sa barbe. Le vieux père Kelvin, trop heureux, s'exclama quant à lui :
"Hé bien, Zhivago lequel, ça dépend, le père, le fils ou le gamin? J'ai plutôt bien connu le père, enfin il a bossé avec moi à la verrerie, il montra ses mains recouvertes de corne luisante de la chaleur des fours. Il était v'nu d'Europe avec sa vieille épouse, et leur fils a vite foutu le camp d'ici va savoir pourquoi...
-Un sale type d-toutes façons.
-Robbie a raison, c'était quand même des bizarres.
-Pas forcément, mais le gamin est revenu, enfin c'est le fils Zhivago qui ne s'est pas occupé de son petiot, alors il l'a envoyé ici. Il est mort dans un accident pas longtemps après.
-Pour faire court, le petit-fils avait hérité d'un parent riche quand il s'est installé chez feu son grand-père. Il voyait d'autres riches, des gens de l'extérieur, avec qui il a fait construire son pavillon, le château comme on l'appelle ici. Il a arrêté de voir ces gens je crois, mais il agit de plus en plus bizarrement. Je me couche.

Le tenancier abattit ses cartes sans fierté. Sur la table il y avaient deux trois noirs et un valet de coeurs.

L'étranger, le nez dans ses cartes, annonce sun un ton concentré :

- Une.

... et pose un carton face contre table puis ajoute l'air perdu dans son jeu :

- Bizzarement ?

Il faut laisser penser à la source que les informations qu'il détient n'ont pas d'importance. Un coup fameux consiste à poser la bonne question en donnant l'impression qu'on veut détourner l'attention. La source volubile redoublera d'effort pour attirer votre attention.

Logan écoute patiemment ses compagnons et contrôle le jeu avec adresse pour maintenir l'intérêt des participants. Il perd un peu d'argent au profit des plus loquaces pour les rendre plus bavards encore.

Puis il quitte l'établissement pour trouver une petite chambre d'hôtel avant de continuer sa tournée des lieux communs de Montrose et recueillir d'autres rumeurs sur la petite ville jusque tard dans la nuit, décidé à enquêter après quelques heures d'un sommeil troublé sur les bruits les plus intéressants entendus durant la journée.

A la réception, une vieille femme au visage parcheminé et surmonté d'un chignon argenté faisait ses vitres avec application. De l'extérieur on pouvait facilement voir la saleté des larges fenêtres éclairées par le soleil de onze heures.
Sur un fauteuil, un adolescent aux cheveux sombres méchés de blond doré, coupés courts mais absolument pas peignés, lisait avec attention un livre d'une édition ancienne qui sentait le papier de bibliothèque, Order of Knights of West Wycombe indiquait la couverture.

Quand Logan entra dans le hall miteux de l'établissement, la bonne femme lâcha son labeur et se tourna vers lui :

-Vous désirez quelque chose?

Elle avait son petit visage plissé autour d'un large sourire, bouche fermée, ses petites lèvres fines étirées dans une petite tête d'oignon.

Logan entre d'un pas lourd dans le petit hall de l'hôtel. Les chaussures de sécurité du colosse frappe placidement le plancher jusqu'à conduire leur propriétaire devant le comptoir derrière lequel a pris position la vieille femme qui lavait les carreaux.

La propriétaire a écrit:

-Vous désirez quelque chose?

La tête dans les épaules, le nouvel arrivant à la coupe werewolf démodée, bougonne d'un air à ne rien lui refuser :

- Une chambre.

Logan ne semble prêter aucune attention au gamin sur le fauteuil.

La vieille dame a écrit:

- Vous prendrez le thé avec nous ?

Logan répond entre ses dents :

- Non merci madame.

Puis il prend lourdement l'escalier qui mène au premier sans faire mine de porter le moindre intérêt à la scène qui se déroule dans son dos.

En haut des marches, il prend un couloir jusqu'à la porte de sa chambre, l'ouvre et referme derrière lui. Il découvre une petite pièce au papier peint démodé et au mobilier qui devait bien dater des années 60. Le mutant dépose son grand sac sous le lit puis ressort et ferme à clé.

Il descend et repasse devant la réception en jetant :

- Je rentrerai tard.

Logan a écrit:

(...) avant de continuer sa tournée des lieux communs de Montrose et recueillir d'autres rumeurs sur la petite ville jusque tard dans la nuit, décidé à enquêter après quelques heures d'un sommeil troublé sur les bruits les plus intéressants entendus durant la journée.

Le Poivrot a écrit:

- Hého, c'à toi que je parle! Finis de me regarder et va ailleurs.

Comme s'il n'avait rien entendu, Logan , sa grosse tête enfoncée dans ses larges épaules d'équarrisseur, poursuit son chemin de son pas lourd et laisse un moment le poivrot dans son dos avant de disparaître au coin de la rue.